Journal d'une guérison.

Avant-propos

J'ai besoin d'écrire et de partager...écrire est la seule chose qui calme mon émotion, partager est juste une évidence...

Toujours ce besoin que j'ai de laisser une trace, pour me souvenir. Peut-être que quand je serai guérie, je supprimerai ce journal de guérison car j'aurai retrouvé toute ma mémoire...

Et comme l'a si bien écrit un ami si vous êtes des "bien pensants", des "pères-la-pudeur", des moralisants, des "dégoulinants de compassion" ou aussi des salauds qui me diront que j'aurais du me taire, vous pouvez passer votre chemin...ceci ne vous concerne pas.

Journal

Vendredi 5 février

Depuis la fin de la dissociation je me réveille en sursaut plusieurs fois par nuits en panique, terrorisée...une mémoire est en train de se revivre, ce matin elle me fait pleurer sans discontinuer.

Je crois que je pleure ce matin comme la petite Agnès qui aurait du pleurer à l'époque si elle avait pu. Je vais la consoler pour lui dire qu'aujourd'hui je suis grande et que ça va aller, on va y arriver. 

Un autre cyanotype réalisé cette nuit de pleine lune me délivre un message : "Au royaume des fées, les lucioles sont toujours là pour éclairer les nuits les plus sombres". Gratitude.

Mercredi 3 février

Depuis de très nombreuses années, en pleine nuit, souvent à moitié somnambule je me levais dans un état de panique intérieur en cherchant ma mère dans toute la maison, mon mari me disait mais non elle n'est pas là, et j'allais me recoucher...Aujourd'hui je me dis que peut-être dans mon sommeil je revisitais cette nuit là et que je cherchais un soutien, un réconfort maternel alors que le pire était arrivé et que j'étais bien seule. Progressivement ma mère à disparu. Il y a trois mois je cherchais encore vers 1 h du matin, mon mari, s'il n'était pas couché. Toujours et encore ce besoin d'être rassurée.

Lundi 1 février

Je me réveille, je décide de ranger et de faire le ménage dans ma chambre. Ranger tous les tableaux et tous les bibelots que sont sur les étagères. Cela faisait plusieurs semaines que je regardais cette chambre en me disant, c'est étrange, pourquoi est-ce qu'elle ressemble à une chambre de petite fille ? J'ai compris en cheminant dans le rangement que c'était la chambre de la petite Agnès, à l'âge auquel elle s'est arrêtée de "grandir" émotionnellement.

Des anges, il y en a beaucoup, est-ce en raison de l'anagramme de mon prénom ? Certains m'ont été offert, d'autres je me les suis offert toute seule.

Je redonne aux papillons et aux oiseaux leur liberté, qu'ils sortent de ces cages toutes "cabossées".

La boîte à musique du milieu m'a été offerte par ma marraine. C'est elle qui l'avais réalisé. Elle m'a donné l'idée il y a quelques années d'en réaliser à mon tour. Quant à la montgolfière je l'avais réalisée avec ma fille pour ses 13 ans. J'avais écrit un joli poème à cette occasion à lire ici.

Il y a longtemps j'ai fait de l'encadrement. J'ai encadré ici des illustrations originales offertes par ma marraine, dessinées par son mari : Carlo wieland.

En haut à gauche, le premier tableau qui m'a été offert. Des coquelicots, puis des tableaux que je me suis offert et que j'ai encadré, je jardin était bien là déjà !

Est-ce que vais quitter ce monde de l'enfance ? Aujourd'hui tout ça attend sagement que je décide de leur destinée.

Samedi 30 février

J'ai revécu en "rêve" de façon très "physique" l'agression. C'était très déroutant, j'ai ressenti du plaisir et j'avais vraiment l'impression qu'il était là.

La culpabilité ne me quitte pas...pourquoi je n'ai pas crié, pourquoi je n'ai pas dis non, pourquoi je n'ai pas mis de limites, pourquoi personne n'a entendu ? Bien sur que les limites étaient là...mais quand vous avez en face quelqu'un de déviant, les limites il ne les entend pas. Alors il faut que j'arrête de culpabiliser.

J'ai compris beaucoup des comportements de compensation et d'adaptabilité qui sont les miens depuis tout ce temps. 

J'ai perdu mon espace, "sacré", il en va s'en dire puisqu'on est rentré dedans sans mon autorisation.

"Moi-l'autre" c'est un peu la même chose du coup...On dit qu'on vous a volé votre pouvoir et que vous cherchez à le reprendre en prenant le pouvoir sur l'autre. Je suis devenue "autoritaire", j'avais besoin de tout contrôler, et en même temps je peux laisser les gens rentrer un peu trop loin dans mon espace, sans arriver à dire non, alors que leur comportement me dérangent. Je suis perméable...tient comme la paroi de mon intestin en raison de cette candidose...serait-elle venue me dire quelque chose ?

J'ai perdu au sens propre mon féminin sacré au profit de mon masculin. L'idée étant aujourd'hui de pouvoir accéder de nouveau à ce féminin. 

Ma culpabilité se porte aussi sur les 28 années de couple que j'ai peut-être gâché.  J'entends bien que je porte 50 % de cette "responsabilité" bien malgré moi, que s'il est resté c'est qu'il avait aussi quelque chose qui venait en résonnance chez lui. J'accepte aujourd'hui de ne pas pouvoir faire le boulot à sa place et que si il ne veut pas ou ne peut pas transformer cette blessure c'est que c'est juste pour nous deux...Double résilience ! Je me pardonne de nouveau.

Mes démons sont débusqués, libre à lui d'aller débusquer les siens ou pas.

Vendredi 29 février

Une amie me propose de venir me faire un soin énergétique, alors qu'elle n'est pas au courant de la fin de ma dissociation. C'est mon ange gardien, elle me fait un magnifique cadeau. Elle me dit à la fin du soin que l'énergie au niveau de mon crâne et celle d'une enfant...voilà, si j'avais besoin de preuves de mon traumatisme, elles sont là, pas besoin de passer une IRM comme Flavie Flamant.

Le soir à table j'arrive à en parler à ma fille, je soin m'a apaisé, je peux parler sans émotions.

Jeudi 28 février

Dans l'après-midi, à l'arrache, comme à mon habitude, je mets des cyanotypes en plein air, ce soir c'est la pleine lune...En les rinçant, plusieurs jours après, il y en a un sur lequel je vois le bas du corps de deux femmes, une blanche et une noire, avec leur pubis. Cela me rappelle aussi étrangement une sculpture de mon père. Je vois là comme le début de la réparation de ce "non consentement".

Mardi 26 février

J'ai mis fin au processus de dissociation lié à un viol mardi 26 février à la fin d'une promenade avec une amie. 

Naturellement je luis dis je me suis fait violer quand j'étais petite, je venais d'ouvrir les vannes, je ne sais pas quand elles seront vides...

Je revisite toute l'histoire depuis le moment où le pire est arrivé.

Je dois tout revivre, l'acte en lui-même, la peur, la sidération, la culpabilité pour guérir. L'idée du processus étant la résilience. 

La tristesse, le vide et la solitude sont eux tout le temps mes compagnons depuis une semaine.

Toutes ces émotions se succèdent de façon aléatoire sans prévenir, comme une vague un peu trop forte qui vous surprend alors que vous essayez d'avancer doucement dans la mer.