Sidération

J'ai attendu et espéré l'annonce du confinement avec impatience, puis a suivi une forme de sidération.
Je n'ai pas fait grand chose les jours qui ont suivi j'ai été même incapable de rien, juste bonne à écouter la radio comme pour "me rassurer"...

Puis ce besoin de reliance, de prendre des nouvelles des personnes qui nous sont chères, besoin de créer des groupes de voisinages sur ces applications numériques somme toutes assez pratiques dans des circonstances pareil.

Puis ces chiffres de morbidités incessants, l'irresponsabilité des urbains, que je ne juge pas, comme l'a si bien dit Diderot : nous sommes des humains et la langue du coeur est mille fois plus variée que celle de l'esprit, et il est impossible de donner les règles de sa dialectique,  les polémiques sur la possibilité d'un traitement possible ou pas, ont eu raison de ma lucidité. L'angoisse est montée, j'allais tomber malade à mon tour à écouter tout ça.

Heureusement depuis quelques années, j'ai croisé de belles âmes, des âmes de lumière, non pas celles de l'ombre. Grâce à ces réseau précieux, une petite méditation guidée a eu raison de l'angoisse qui commençait à "m'empêcher de respirer" sans aucune raison.

Je réalise à quel point il est important de se recentrer. Car oui par moment il m'est difficile de continuer à vivre "normalement" avec mon mari et ma fille en bonne santé dans un environnement de rêve alors même que d'autres vivent l'enfer et se retrouvent seuls non pas par choix mais parce que la vie en a choisi ainsi, sans parler des gens malades ou de ceux qui meurent seuls.

Christian Bobin me vient encore en aide :  l'art de vivre consiste à garder intact le sentiment de la vie et à ne jamais déserter le point d’émerveillement et de sidération qui seul permet à l'âme de voir.