Oraison funèbre prononcée par ma petite soeur à l'incinération de notre père.

 



Vous connaissez mon enfance, je ne viens pas ici vous la raconter de nouveau. Je viens vous partager ici celle de ma petite soeur, qui a enfin pu libérer sa parole. Il n'y a pas de bons ou de mauvais moments, il y a juste LE MOMENT et il EST donc JUSTE. 

Cette oraison Cécile l'a écrite la nuit qui a précédé l'incinération de notre père à 3h33 du matin. Elle l'a écrite d'une traite.

Elle est magnifique et poignante d'authenticité, c'est celle d'une adulte en proie à son enfant intérieur qui hurle de chagrin. 

Je la partage ici pour toutes celles et tous ceux qui n'ont pas été aimé par leur parents de la façon dont ils auraient aimé être aimés. 

De l'espace dont je parle, je me permets de vous partager la conviction que la façon dont nos parents nous ont "mal aimés" est la meilleure pour servir notre chemin d'incarnation. 

Il est de notre responsabilité d'adulte d'aller rencontrer le petit enfant qui hurle en nous et d'aller le consoler car le seul et véritable amour viendra de l'intérieur, c'est l'Amour de soi, il n'y en a pas d'autre.

Petite soeur chérie, je te demande de me faire la promesse de te faire accompagner. Ton chagrin est immense, je l'ai connu pour d'autres raisons, toute seule on ne peut pas y arriver. Fais-le pour TOI, pour la magnifique personne que tu es.

 



Alain D e s c o m b e s
11 a o û t 1 9 4 2 - 0 7 a o û t 2 0 2 5
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Lorsque la mort de son père libère les
maux et ouvre une porte vers soi-m'aime
14 août 2 0 2 5
3 h 3 3
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A toi papa,
si tu m'avais vu, entendu de ton vivant,
Si tu m'avais attendu avant de mourir,
j'aurais voulu te dire.
"Je suis née ce 1er mai 1974,
tu étais papa à nouveau pour la 3ème fois,
je rejoignais ma grande sœur Agnès,
malheureusement notre grand frère Benoît
avait déjà rejoint les a n g e s .
Je suis rentrée dans ta vie, tu n'étais pas
présent auprès de ta femme, auprès de
ma mère.
Le jour de ma naissance, tu étais en
mission en Iran.
Depuis ce premier rendez-vous manqué, je
n'ai cessé d'espérer que tu ne "reviennes",
qu'enfin tu comprennes que ce 1 er mai
1974, j'étais rentrée dans ta vie, qu'enfin
nous puissions nous rencontrer, que
j'existe à tes yeux, à ton esprit, à ton cœur.
Cette absence ce jour là a probablement
conditionné notre relation affective, mais
n'a-t-elle pas également contribué à
sceller mon chemin de vie qui a été celui
n'a-t-elle pas également contribué à
sceller mon chemin de vie qui a été celui
d'une perpétuelle nomade, sans attaches
géographiques.
Enfants, dans ton ombres pendant 19 ans
d'Afrique, puis devenues adultes d'autres
continents à chercher la lumière loin de toi.
Tu es mort ce 7 août 2025, je n'étais
malheureusement pas présente lorsque ce
cancer foudroyant t'as emporté si
brutalement.
J'étais en navigation en Grèce au moment
de ta mort, c'est poussé par un vent de
plus de 40 noeuds que notre voilier faisait
route c e jeudi là afin de m e permettre d e
revenir en France au plus vite.
Bien que la tempête que nous traversions
nous ai offert de rejoindre au plus vite le
premier port accessible, c'est à peine
arrivée au port de l'île de Kéa que j'ai reçu
ce coup de fil d'Agnès m'annonçant que tu
étais parti.
Jamais plus je ne recevrais de toi, cet
appel tant attendu...
Depuis ces jours ou le destin m'avait
conduit loin de toi je ne cesse d'espérer
trouver l'inspiration, la force pour me
résigner, à renoncer, à comprendre
"pourquoi" nous nous sommes ratés danscette vie...
Notre chemin de vie aura donc
été fait de tellement de rendez-vous manqués
manqués, d'incompréhensions mutuelles,
de silences douloureux....
Cet homme de cultures que tu as été, fut
bien plus artiste sculpteur que père, qui
m'a "abandonné", sans même comprendre
que j'attendais de le rencontrer, a fait de
moi une enfant qui a grandi dans le doute,
l'attente silencieuse, l'espoir déçu. puis
cette femme qui, résignée à devoir trouver
le chemin sans toi pour se construire, n'a
jamais cru en elle.
L'onde de choc qu'a provoqué ta
disparition a fait exploser les contours
incertains de l'image de la personne que je
me suis efforcé de dessiner, dans l'espoir
de trouver en vain à t e s yeux un peu
d'existence,
d'attention,
d'encouragements,
de fierté, ...
d'amour.
Aujourd'hui, que reste-il de cette personne
que j'aurais souhaité être -irréprochable-,
mais qui n'était en fait qu'une coquille vide
si fragile .
Me construire, dépourvue de l'amour
paternel pourtant légitime, sans exister à
tes yeux, si mal à ton cœur et tellement
peu à ton esprit, a été le plus lourd cadeau
que la vie m'ait imposé.
Ce 7 août 2025 en claquant définitivement
la porte de ta vie, avec une rapidité si
brutale, je me suis brisée en silence,
laissant de moi que d e s morceaux par
centaine comme autant de souvenirs
éparpillés.
Des souvenirs où j'ai cherché ton regard,
un geste de toi,
un mot,
des conseils,
des reproches,
une présence...
de l'amour.
Cet amour que tu ne m'as pas donné, je l'ai
reçu, offert par d'autres, et avec cet amour
que d'autres que toi m'ont offert,
après toi, il y aura une autre vie à vivre.
Une autre vie où lorsque je t'évoquerai, je
ne souhaite plus que mon cœur soit peiné
par ton absence envahissante, ou que mon
esprit soit terni par trop d'espoirs vains,
mais simplement par un simplement par
un souvenir serein.
Ainsi soit la vie
Merci
Ainsi soit-il
Amen
Cécile














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