Agnès Clairand, respirations végétales.

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Le papier me fait vivre !

le mars 11, 2016

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Vous n'allez pas y croire, on peut vivre de papiers !

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Lucien l’ermite de Notre-Dame de Lure

Après une montée assez raide et caillouteuse de plus d'une heure, ponctuée de cavalcades de sangliers effrayés par nos pas, de magnifiques arbres commencent à ponctuer le chemin. Puis une majestueuse allée nous accueille à 1200 m d'altitude. Et c'est l'enchantement. De vieux arbres, noyer, tilleul, rayonnent de toute leur splendeur et protègent une petite église du XII ème siècle ainsi que Lucien l'ermite établi ici depuis 14 ans. Comme je comprends Lucien d'avoir choisi cette masure auprès de cette église du XII ème siècle pour établir sa vie d’ermite. L'air y est plus tempéré que dans la vallée. L'environnement y est vert, fleuri et accueillant. J'aurai aimé m'entretenir avec lui, nous l'avons juste aperçu chercher de l'eau à la source. Nous lui avons laissé une partie de notre pique-nique, des tomates du jardin et des amandes. Une petite pancarte indiquait qu'on pouvait lui laisser du pain,

Nommer l'innommable

Je n'arrive pas à nommer l'infamie. Pourtant aujourd'hui je sais. Aujourd'hui je n'ai plus mal. Nommer c'est risquer de me retrouver encore plus seule. Nommer c'est prendre le risque d'être jugée. Nommer cela demande du courage. Comme je comprends toutes ces femmes, ces hommes et ces enfants qui se taisent. Comme je comprends leur sentiment de culpabilité. Alors pour ma fille, pour ces femmes et ces hommes, pour moi, je dépose ici que j'ai été violée à 8 ans au Cameroun par le gardien de notre maison. Aujourd'hui j'ai "terminé" le processus d'amnésie traumatique est levé. Le processus avait commencé il y a un mois. Je sais depuis 10 jours. Je n'arrivais pas à nommer car depuis l'âge de 8 ans je m'étais identifiée au viol. Je n'étais pas aimable depuis l'âge de 8 ans. Depuis l'âge de 8 ans j'étais l'innommable, j'étais la souillure. Je n'étais pas aimable depuis l'âge de 8 ans. Depuis

A toi qui est venu...

J'ai connu l'innommable à 8 ans sur des terres africaines. Forcément personne n'en sait rien. Je n'en savais rien jusqu'il y a quelques jours. Les plus grandes infamies sont souvent silencieuses. Le processus de fin de dissociation est en cours. J'y vais doucement tellement, J'ai peur. Peut-on survivre à ça ? Oui, je le sais, sinon je ne serai pas là. Tu es venu pour me permettre de mettre un terme à amnésie traumatique pour viol. Aujourd'hui je suis en colère, en colère après moi. En colère de t'avoir laissé venir chez moi. Aujourd'hui je suis en colère d'avoir encore dit oui à un homme qui n'allait pas me respecter. Tu es venu et tu es parti "comme un voleur". Ce sont les derniers mots que tu as prononcé avant de rajouter "courage". C'est étonnant de quitter une femme et d'utiliser ces mots là. Ils étaient lourds de sens pour moi, ils m'ont fait mal. Un voleur rentre sans y être autorisé. Un voleur ne re

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